Dès que l’ancien Gouverneur Général du Canada Michaëlle
Jean prend la parole, vous êtes comme happé. Non pas par un discours
copié-collé lu à partir d’une feuille, mais par une énergie et une passion qui
vous touchent forcément. Elle prend la parole en se mettant – en sautant presque
– debout, « car je suis mieux debout
quand je parle ». Et elle ne s’assoit plus jusqu’à ce que son agenda
chargée l’oblige à changer d’audience, car on sent bien que s’asseoir n’est pas
son style. Son style c’est plutôt le rythme, le feu de l'action.
Michaëlle Jean entre l'Ambassadeur de son pays d'origine Haïti (S.E. Vanessa Matignon, à droite) et l'Ambassadeur du Canada auprès de l'UNESCO (S.E.Jean-Pierre Blackburn). |
Elle était venue à l’UNESCO pour deux raisons: pour parler de son travail d'Envoyé Spécial de l'UNESCO pour Haïti, mais d’abord
pour présenter sa candidature pour la présidence de l’Organisation
Internationale de la Francophonie (OIF). Deviendrait-elle la première femme, non issue du continent africain en plus, à porter le flambeau de la Francophonie mondiale?
Ce qu’elle a proposé aux distingués Ambassadeurs n’est
pas la suite logique d’une carrière politique telle que celles des deux Secrétaires Généraux de l'OIF qui l'ont précédée : respectivement l’ancien Secrétaire Général
égyptien des Nations Unies Boutros Boutros-Ghali et l’ancien Président du
Sénégal Abdou Diouf. Ce qu’elle propose est avant tout un combat qui puise ses
forces dans son histoire personnelle d’Haïtienne qui a dû fuir un
régime violent pour reconstruire sa vie dans un grand pays du nord, le Canada.
Dans ce nouveau monde il a fallu redoubler de forces « car être
femme est un combat » a-t-elle dit. Pour enchaîner aussitôt: « Etre femme et noire est un combat. Etre femme, noire et Haïtienne est un combat. » Ce combat, elle l’a mené pendant des années
en se mobilisant pour le droit des femmes, notamment celles victimes de
violences. Son approche est claire : avant de parler de son projet pour la Francophonie elle a voulu en expliquer la racine. Cette racine est psychologique: une personnalité qui sait ce que c'est que d'être différent et qui connaît intimement l’absolue
nécessité d’assumer cette différence.
C’est pour cela d’ailleurs que son discours ne m’a pas
lâché, car ce ne fut pas qu’un discours mais un vécu toujours à vif. Car c’est
ainsi qu’elle a été élevée : par des parents pour qui l’insouciance et
l’indifférence n’étaient pas une option. Elle a trouvé « lourd à porter » cette éthique
existentielle d’être « toujours mise
en présence ». Il y a en effet de ces destins qui sont lourds à porter
de l’intérieur, mais qui sont légers voire inespérés pour ceux à qui ils sont
destinés. Son destin pourrait bien devenir celui de l’immense espace francophone de
solidarité culturelle, scientifique et économique, qui élira son nouveau
Secrétaire Général les 29 et 30 novembre 2014 au Sénégal.
Mon pays n’étant pas membre de l’OIF, j’étais venu
écouter Michaëlle Jean plutôt pour son combat d’Envoyé
Spécial de l’UNESCO pour Haïti. Le terme combat a pris ici une signification encore
plus personnelle, déclenchée violemment le 12 janvier 2010 à 13h50 : la date et
l’heure exactes où son pays natal a été dévasté par un tremblement de terre.
Avec son talent de journaliste elle nous a fait revivre ces mois de souffrance
et de reconstruction, où son souci majeur était le manque de cohérence et de
coordination qui compliquaient les opérations humanitaires. Elle a raconté comment la Directrice-Générale de l’UNESCO, Irina Bokova, l’appelait le lendemain de la
catastrophe pour voir comment l’UNESCO pouvait contribuer au redressement du
pays. Dix mois plus tard, Michaëlle Jean quittait son poste de Gouverneur Général
du Canada pour représenter l’UNESCO dans le chaos de la reconstruction d’Haïti.
Il y a plusieurs choses qui m’ont touché dans ce récit
hors du commun. Tout d'abord son sens du long-terme: il ne fallait pas seulement démarrer les interventions humanitaires, mais aussi et surtout s’assurer que les promesses généreuses qui
affluaient ne déchanteraient pas quelques mois plus tard. Elle est donc allée voir les pays nordiques
pour s’assurer qu’Haïti resterait dans tous les esprits. Ensuite elle a évité un
deuxième piège que l’appel humanitaire tend souvent à ceux qui viennent aider
de l’extérieur : l’aide ne devait en aucun cas s’imposer aux Haïtiens
comme un exercice étranger basé sur une logique de charité. We’ll fix it, just sign here : « Alors
ça, non ! » a-t-elle crié. Et donc elle a par exemple réuni 8 universités
canadiennes et 9 haïtiennes dans un consortium unique pour que la reconstruction de
l’enseignement et de la recherche se fasse « à partir de ce que les Haïtiens voulaient construire ».
Elle a parlé aussi des idées préconçues sur
Haïti, un pays présenté trop souvent comme la proie préférée de la violence que peuvent
infliger la nature et l’homme aux sociétés humaines. Pour commencer, elle a
mentionné une enquête récente de l’ONU qui a mis en évidence qu’Haïti est parmi
les 6 pays les plus sécuritaires dans les Caraïbes, entre la Guadeloupe et la Martinique. Pour Mme
Jean, ne pas parler d’Haïti comme la source d’une incroyable richesse
culturelle, ce serait comme suivre ces francophones qui « se tirent dans le pied » en se
résignant à parler l’anglais. Elle n’apprécie pas que Haïti soit réduit à de la
« résilience », comme si c’était
une terre où l’intelligence, le courage et la volonté avaient été balayés par
les ouragans.
C'est dans cette même veine que son projet pour la Francophonie se dessine. « Il y a un grand désir du français chez les anglophones, mais encore faut-il que l'offre suive! » Les idées pour revitaliser ces offres, on les voit se bousculer dans l'esprit de Michaëlle Jean. Des idées qui - je n'en doute pas - sauront mettre en valeur des initiatives existantes qui ne demandent qu'à porter le développement culturel et scientifique haïtien, tel que la création d'une bioréserve du Programme sur l'Homme et la Biosphère (MAB) de l'UNESCO.
La première question que je me suis posée en quittant la
salle était de savoir si elle « ferait le poids » par rapport aux (anciens)
ministres, présidents ou chefs d’état qui se bousculent en ce moment pour succéder à Abdou
Diouf. Je n’ai pas aimé cette réflexion, car elle passe à côté de l’étonnants
énergie et dynamisme que la personne de Michaëlle Jean offre à cette langue
qui nous passionne tous. Mais un tel choix mérite néanmoins une pondération approfondie et sereine,
loin des caméras de son équipe de campagne et de sa brochure de campagne qui m’a
tapé dans l’œil. Car pour faire un choix sérieux en toute sérénité on a besoin que les candidats
ne vous tapent pas dans l’œil mais dans l’âme. Et c’est ce qu’elle a fait lorsque,
plus tard et seul dans mon bureau, j’ai cliqué sur le site-web de l’Envoyé Spécial de
l’UNESCO pour Haïti. Car à ma surprise j’ai eu du mal à retrouver Michaëlle Jean sur les
images et dans les descriptifs sur ce site. Comme si elle avait totalement disparu
derrière sa mission et les Haïtiens auxquels elle est destinée.
Bravo et bonne chance à vous Michaëlle Jean !
Twitter : @Oosterenvan
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Mr Abdullah Ibrahim