Sunday, May 28, 2017

La place du Général de Gaulle : évitons le piège de l’utilité

La place du Général de Gaulle à Fontenay-aux-Roses, me disait quelqu'un, donne "un goût inachevé". Ça m’a fait réfléchir.

La place donne en effet l’impression d’inachevé, sans doute due aux écarts de niveaux, aux trous et au manque de cohérence du revêtement. Il suffit peut-être de réparer ces quelques problèmes pour mettre la place en valeur. Mais j’ai peur qu’on aille plus loin en voulant rendre la place plus utile. Cela pourrait "l'achever" au mauvais sens du terme.

La Grand Place au Plessis-Robinson
Prenez la "Grand Place" au Plessis-Robinson, que j’ai filmée ici : https://www.youtube.com/watch?v=N9t5wUTfdTY&feature=youtu.be. Cette place est à l’évidence totalement achevée. Plus rien n’y rentre. Mais à quel prix ?

Pour moi, on y est tombé dans le piège de ce que Nuccio Ordine appelle la "barbarie de l'utilité". C'est comme si en aménageant l'espace on s'est dit : "il faut que chaque mètre carré soit optimisé et ait une fonction spécifique très clairement indiquée". Le résultat: un espace à l'aspect "extrêmement utile" qui me fait penser à un bureau de poste avec des panneaux, des coins et des guichets pour faire ceci (se garer) ou cela (s'asseoir sur la terrasse). Mais en regardant la place elle me fatigue sur-le-champ, tellement ça grouille et ça sent l’utilité optimisée. 

Vers la fin de la vidéo vous voyez, en bas de l'écran, l'entrée du parking souterrain. Cette rampe parachève pour moi cette impression d'une "usine qui tourne" à littéralement tous les niveaux, à une cadence automobile impressionnante d'ailleurs. 

La place du Général de Gaulle à Fontenay-aux-Roses

La place du Général de Gaulle me fait l'effet contraire. Elle me repose instantanément. Pourquoi? 

Quelque chose qui ne me fatigue pas: vous montrer des photos reposantes de la place du Général de Gaulle...

D'abord détrompez-vous : ce n'est pas parce qu'elle est plus grande. Car on peut très bien aménager un tout petit espace de façon à lui donner un caractère reposant. Comme la place Eugène Dumur à Châtillon, qui est aussi entourée de magasins et de restaurants :

 
La place Eugène Dumur à Chatîllon.

Cette placette est agréable car elle est piétonne, mais aussi car elle a ce qu’il faut d’inutile pour s’y sentir bien. Il y reste encore un peu de cette richesse de plus en plus rare dans nos villes : de l’espace et du volume perdus. Il y a des arbres par exemple : sur un arbre on ne peut pas marcher, pas s’asseoir et pas se garer. Il y a aussi une fontaine : un objet inutile qui occupe pourtant une place démesurée sur la place Eugène Dumur. Pourquoi? Car cet objet est apaisant.

Il faut de l'inutile

Je pense que la même analyse s'applique à la place du Général de Gaulle à Fontenay-aux-Roses. Elle est si agréable justement car il y a de l'espace inutile, inexploité, inoccupé par une voiture ou par un aménagement urbain particulier, sans panneau, sans banc. Je m’y sens bien justement grâce à ces dizaines de mètres carrés où on peut se perdre un peu sous les arbres pour….. se retrouver.

Ce sont ces espaces inutiles dont on a besoin pour survivre dans un milieu de plus en plus dense et utile. Car ils nous aident "à évader de la prison, à éviter l'asphyxie, à transformer une vie plate ou une non-vie en une vie fluide et dynamique, mue par la curiositas pour les choses de l'esprit et pour l'humaine condition" (L'Utilité de l'Inutile, Nuccio Ordine, p. XXII). C'est cette curiosité justement qui est tuée en une fraction de seconde lorsque je regarde la Grand Place au Plessis-Robinson. Sa parfaite utilité tue instantanément ma curiosité à coups de poteaux, de places de parking, de rebords, d'objets, de rampe de parking, de grandes façades uniformes et de mètres carrés ultra-réfléchis et optimisés.

Regardez de nouveau la vidéo pour observer, à la 28ième seconde, le Monsieur qui vient de traverser la route et qui doit presque faire le funambule sur le rebord d’un trottoir de quelques centimètres de large à peine pour rejoindre la terrasse. C’est affligeant de voir cela : l’espace tampon pour se sentir à l’aise sur la terrasse y est totalement sacrifié pour une histoire de rentabilité. Ça me rappelle cette phrase de Théophile Gautier: "L'endroit le plus utile d'une maison, ce sont les latrines".

Ceci n'est pas une croisade contre M. Pemezec ou M. Vastel

Je ne dénigre nullement la commune du Plessis-Robinson, qui regorge au contraire d’atouts : des trottoirs et une chaussée de qualité, de belles rues avec des petits pavillons anciens bien entretenus, des petits centres visibles et reliés par un système de passerelles, etc. 

Une petite place style "esprit village" très agréable au Plessis-Robinson

Ma démarche consiste seulement à pointer le risque d’une possible dérive utilitaire et densificatrice: une dérive qui est à mon avis à éviter absolument à Fontenay-aux-Roses si nous voulons y préserver l’esprit village. 

Cela exige de nous deux choses :
  1. considérer l’espace comme un luxe à préserver et non pas comme quelque chose à remplir automatiquement à bloc pour le « rendre utile » ; et
  2. apporter de l’originalité.

Etre dans l'opposition est facile: il suffit de dire "non"

J'ai aucun doute sur le fait que les Fontenaisiens sont tous d’accord sur ces deux points. Mais je constate aussi que souvent le débat s’arrête là. On s'enferme souvent dans l'opposition en disant "non" quand on vous propose quelque chose comme ceci:


Le projet qui verra le jour au carrefour de la Cavée à Fontenay-aux-Roses

Mais on ne montre pas ce qu'on veut à la place. 

Attention: je ne veux pas critiquer ici le manque de consultation publique sur le devenir de la place du Général de Gaulle, mais seulement préparer une réunion citoyenne. Très concrètement, je vous mets au défi:
  1. de montrer des images d’immeubles ou de constructions originales que vous verrez bien achever la place du Général de Gaulle sans "l'achever", et
  2. de les apporter ensuite à la réunion que CIVIFAR organise le 19 juin à 20h30 dans la Salle du Château Sainte-Barbe. 
Car dire "non" est une chose très facile, alors que montrer ce que qui serait mieux est un geste hautement plus difficile, noble, citoyen et surtout utile pour notre ville. 

Au plaisir de vous rencontrer le 19 juin!

------------------------------------------------

A lire aussi: http://oosterenvan.blogspot.fr/2017/05/urbanisme-faut-il-suivre-lexemple-du.html


Friday, May 26, 2017

Faut-il suivre l'exemple du Plessis-Robinson?

On me cite souvent le Plessis-Robinson comme exemple d'urbanisme. Ma ville Fontenay-aux-Roses doit-elle suivre cet exemple?

Pour me faire une opinion, j'ai fait une virée au Plessis. J'ai tout de suite compris pourquoi beaucoup de personnes l'adorent: tout y est impeccable. Comme un appartement qui vient d'être refait entièrement à neuf. C'est impressionnant.

Le stationnement et les trottoirs
Au Plessis, les trottoirs sont sont incroyablement bien organisés et entretenus. Grâce à un dispositif de potelets cohérent il y est quasiment impossible de mal se garer. Le résultat se fait sentir immédiatement: tant le piéton que le cycliste se sent en sécurité et bénéficie d'une grande visibilité:

Les rues au Plessis sont très bien organisées et entretenues, ce qui favorise notamment les déplacements à pied.

En revanche dès qu'on entre Fontenay-aux-Roses (FAR), comme ici dans la rue Maurice Philippot, on voit que le cycliste et le piéton n'y ont pas la même place qu'au Plessis:


Le stationnement et la visibilité y sont "bordéliques", et aucun marquage au sol n'est présent pour améliorer cette situation. La conséquence est un sentiment d'insécurité: le cycliste a l'impression qu'il peut se prendre une portière à tout instant. Ou bien il se sent obligé de se mettre en danger lui-même en s'éloignant des voitures garées justement. C'est un peu "la jungle":



Le centre-ville
Ce qui me frappe dans le centre-ville du Plessis, c'est que les immeubles y sont beaucoup plus hauts, récents et uniformes qu'à FAR:


La "Grand Place" en centre-ville du Plessis est très propre, mais aussi uniforme, bruyante et peu charmante à mes yeux:


Je préfère de loin la place du Général de Gaulle à FAR avec ses constructions anciennes, basses et très différentes les unes des autres. On se réclame partout du fameux "esprit village", mais sur la place du Général de Gaulle on le retrouve vraiment: 


Il y a beaucoup de verdure au Plessis. Mais elle se trouve surtout dans de beaux parcs de qualité, moins dans la partie urbanisée du centre-ville:


Alors que la place du Général de Gaulle à FAR.....


Pour vous montrer que je n'ai pas mal choisi mon angle de vue, j'ai filmé les deux places pour que vous puissiez en juger vous-même:

La Grand Place au Plessis: https://youtu.be/N9t5wUTfdTY

La place du Général de Gaulle à FAR: https://youtu.be/fRN2EpJVKGo

Personnellement je trouve la place du Général de Gaulle plus agréable car elle est:
  • plus verte (la Grand Place est trop minérale à mon goût)
  • moins bruyante (à part les scooters non électriques au potentiel de nuisance extraordinaire dont la légalité continue de m'interpeller)
  • plus spacieuse (on y respire et on y a encore le luxe de s'y aventurer, alors que la Grand Place au Plessis a une allure plus "optimisée" et "rangée" où j'ai l'impression de devoir tout de suite "me caser"). 

Conclusion
Pour moi le Plessis est un exemple à suivre oui et non.

Oui le Plessis est un exemple à suivre:
Les aménagements pour respecter le piéton sont a copier tout de suite à FAR. Car à FAR il est souvent impossible de se promener confortablement, sans ou avec une poussette d'ailleurs:


Ou en fauteuil roulant:


Non le Plessis n'est pas un exemple à suivre
On trouve de très belles rues avec des petits pavillons anciens dans les deux villes. Mais quand on observe le développement urbain récent au Plessis, je ne suis pas enchanté. Je vois un décor très dense, haut et surtout très uniforme sans originalité qui ne me donne pas envie de m'y promener. J'ai eu l'impression de me promener dans un "projet de promoteur" artificiel et sans surprise, comme on en trouve partout. Un décor standard en somme, que le visiteur semble avoir compris du premier coup d’œil.

On le dit aussi souvent, mais je trouve que c'est vrai: le Plessis nouveau a un côté "Disney" :




A FAR on risque de suivre cette même tendance, regardez par exemple le projet prévu pour la Cavée:


En conclusion, je propose que FAR tire les leçons suivantes du Plessis:

  • Favorisons les déplacements piétons et cyclistes en leur donnant une place protégée et de qualité sur la chaussée
  • Préservons les constructions anciennes et la diversité architecturale de Fontenay-aux-Roses en évitant la densification à la Disney. 

Et si la place du Général de Gaulle devenait REELLEMENT une Zone de Rencontre?

Je voudrais remercier Séverine Grastilleur pour avoir pointé le danger auquel s’expose le piéton sur la place du Général de Gaulle à Fontenay-aux-Roses :


En effet le piéton doit s’y frayer un chemin à travers les voitures garées et ensuite tenter la traversée à ses risques et périls. Avant chaque traversée, il espère que la voiture qui arrive l’a bien vu. Ce n'est pas très apaisant. Et pour un enfant c’est loin d’être évident…

Je comprends la tentation de dessiner des passages piétons pour remédier à ce problème d'insécurité. Mais je pense que cette suggestion prend le problème à l’envers.

Je m’explique.

Qu’est-ce qu’une Zone de Rencontre ?
Il est utile de rappeler la place du Général de Gaulle dans son ensemble est une Zone de Rencontre indiquée par des panneaux :



Selon le Code de la Route cela signifie que le piéton y a la priorité absolue et partout sur les voitures. On quitte donc l’idée d’enfermer chaque utilisateur dans sa petite zone réservée (passage piéton, route pour voiture). On ouvre au contraire un grand espace où la voiture et le piéton se croisent partout en harmonie. C’est pour cela que la vitesse maximale y est réduite à 20 km/h, qui permet la convivialité, la civilité et la courtoisie.

En gros, la place du Général de Gaulle est une sorte d’énorme passage piéton où les voitures peuvent passer après avoir laissé passer le piéton !

Pourquoi ne pas tracer des passages piétons ?
Je pense qu’en traçant des passages piétons dans ce « grand passage piéton » on supprime la zone de rencontre. Au lieu d’apaiser la circulation en favorisant la rencontre, on dit aux automobilistes : « seulement ici sur ce passage piéton vous devez faire attention aux piétons, mais le reste de la route vous appartient et vous y avez la priorité ». Résultat : l’automobiliste n’est plus incité à faire attention partout comme dans une véritable Zone de Rencontre.

Comment sécuriser le piéton alors ?
Pour assurer la sécurité du piéton dans la Zone de Rencontre je pense qu’il faut aller au bout du concept de Zone de Rencontre. Cela signifie qu’il ne faut pas canaliser et limiter la rencontre mais au contraire la favoriser.

Cela peut se faire :

·         en créant de la visibilité : amener les automobilistes à se garer sous le parking du marché qui est quasi vide 93% du temps (13 demi-journées sur 14).
·         En créant une chaussée uniforme qui matérialise la rencontre plutôt que de l’éviter en créant des couloirs d’accélération comme sur la place de l’Eglise (lisez : http://oosterenvan.blogspot.fr/2017/04/la-place-de-leglise-reamenagee-quelles.html).
·         En matérialisant la rencontre dès l’entrée de la place du Général de Gaulle. Par exemple en faisant monter l’automobiliste sur un plateau uniforme pour lui faire sentir qu’il n’est plus dans « son couloir à lui », mais qu’il pénètre sur une place partagée.... de rencontre.

Je comprends que cette solution puisse paraître idéaliste et utopique. Pourtant elle est appliquée partout en France avec succès, même dans des grandes villes comme Lille :



Et si on ne veut pas l’appliquer car elle est utopiste, pourquoi alors avoir mis des panneaux Zone de Rencontre partout sur la place du Général de Gaulle ?

La place du Général de Gaulle changera bientôt de visage. Méditons donc sérieusement sur ces observations, pour un centre-ville plus apaisé, plus agréable, plus attractive pour tous. 

Dimanche 4 juin : participez à la Convergence Francilienne à vélo !

Vous n’auriez peut-être jamais pensé à participer à un évènement cycliste.

Eh bien, pourquoi pas cette année ?

Car le vélo est un moyen ludique, convivial, bon marché et écologique pour rendre notre ville et la circulation plus apaisées, plus…. sympa. Le vélo ne vous enferme pas (comme la voiture) mais au contraire facilite la rencontre avec d'autres Fontenaisiens. En plus, la pratique du vélo est bon pour le portefeuille, pour le moral et pour la santé !

Si ça vous tente, FARàVélo, le collectif cycliste de Fontenay-aux-Roses, vous invite à dépoussiérer votre vélo, à apporter un sandwich et à participer à la Convergence Francilienne :


Départ le dimanche 4 juin à 10h45 devant la Médiathèque
La Mairie vous offre un T-shirt avec le logo de la ville


Mais c’est quoi la Convergence Francilienne au juste ? 

  • 3000 cyclistes d’Île-de-France, enfants et adultes, vont littéralement "converger" à Paris
  • Il y a quatre branches colorées (rouge, orange, verte, mauve)
  • Fontenay-aux-Roses est sur la branche rouge, donc portez du rouge
  • On converge d'abord à la Bastille
  • Lorsque tout le monde est là, on fera une grande parade festive jusqu’aux Invalides
  • On termine sur un pique-nique géant sur les pelouses !
  • Après, vous êtes libres; vous pouvez rentrer à FAR en mettant votre vélo gratuitement dans le RER.

Les quatre branches colorées. La nôtre - la rouge - est traditionnellement la plus grande


Voilà à quoi on ressemblera. Ballons rouges seront fournis aussi!


Pour en savoir plus sur FARàVélo :