A Malakoff, ils savent donner envie de faire du vélo. Du coup FARàVélo, le jeune collectif cycliste de Fontenay-aux-Roses, est allé voir comment ils font. L'occasion était leur "vélorution" annuelle du 24 juin 2017: une balade à vélo à travers la ville, suivie d'un pot de clôture.
La délégation de FARàVélo de gauche à droite: Odile Jersyk, Monika Miller et Stein van Oosteren. |
Moi qui rêve de faire la même chose à Fontenay, j'ai compris qu'un tel événement ne s'improvise pas. Rien que l'obtention de l'autorisation de la Préfecture nécessite une concertation étroite avec elle et le Commissariat local. Et à part les 2 policiers municipaux accompagnateurs, il y avait au moins 20 "staffeurs" de Dynamo Malakoff pour sécuriser toutes intersections. Visiblement une machine très très rodée depuis leur première vélorution en 2014.
Ce que j'ai adoré: les bonbons que les "staffeurs" distribuaient aux automobilistes bloqués par le cortège de 150 cyclistes. Ca faisait du bien de voir des cyclistes et des automobilistes s'envoyer des grands sourires comme ça. Car souvent ce n'est pas tout à fait ça. Mais là, il n'y avait pas besoin de se blinder et de se préparer au pire comme d'habitude. Sauf pour faire sourire:
Une vélorution est un excellent moment pour faire passer un message. Comme ce char sur la photo: "Avec Dynamo rendons à la planète sa grandeur".
Mais le message le plus important était que nous sommes nombreux en tant que cyclistes, plus nombreux que vous ne pensez:
Et c'est ce nombre qui, à mesure qu'il croîtra, nous protégera. Car aujourd'hui en France, un cycliste est l'exception. Il est l'OVNI qui tout d'un coup arrive de nulle part, auquel on ne s'attendait pas et "que je n'avais pas vu". BOUM! - désolé.
Quand je raconte que je fais mes 18 km A/R à vélo tous les jours pour aller travailler à Paris, on me traite gentiment de héros ou de "grand sportif". C'est presque gênant pour moi, car aux Pays-Bas c'est la norme. C'est comme prendre le métro, ni plus ni moins.
Souvent on pense que le vélo est "culturel" et qu'on ne peut pas faire en France ce qu'on a fait dans le nord. C'est une erreur. Car ce qui a fait des Pays-Bas le pays du vélo, ce n'est pas une longue tradition culturelle, mais une forte volonté politique de mettre en place des infrastructures cyclables.
C'est une volonté relativement récente d'ailleurs, car elle a été provoquée par le choc pétrolier en 1973. A l'origine de la "culture vélo" il y a donc un problème économique, qui s'était ajouté au ras-le-bol des voitures qui étouffaient chaque rue et place. Les Néerlandais avaient ras-le-bol aussi du nombre croissant de d'accidents mortels impliquant des cyclistes, notamment les centaines (!) d'enfants à vélo qui étaient percutés mortellement. Au lieu de faire comme en France et de cantonner leurs enfants à la voiture, les Néerlandais ont fait le contraire en donnant au cycliste la place sur la route qu'il mérite. J'ai donc pu développer mon autonomie et mes muscles en allant à l'école à vélo depuis mon plus jeune âge. Comme tout le monde!
Mais il y a de l'espoir en France. J'ai rencontré - en pédalant bien sûr - ce Monsieur qui ne se déplace qu'à vélo:
Pour lui ce vélo-cargo n'est pas une action ludique ou "écolo", mais un moyen de transport beaucoup moins cher que la voiture et plus rapide pour les trajets de quelques kilomètres. En général on sous-estime le temps de son trajet voiture, car on ne compte pas les ralentissements et le temps de se garer. Savez-vous qu'à vélo, 5 km se parcourent en 30 minutes au grand maximum de porte à porte?
Merci à Dynamo Malakoff de nous avoir montré encore une fois à quel point le vélo peut être un puissant instrument de convivialité et de changement. Une très belle leçon festive dont FARàVélo s'inspirera certainement dans les années à venir.
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Cette vidéo en anglais raconte l'arrivée des pistes cyclables aux Pays-Bas: https://www.youtube.com/watch?v=XuBdf9jYj7o.