Friday, July 29, 2016

More than words

I don’t usually post songs on Facebook, but recently I felt like it. I wanted to post a link to the ballad “More than Words” by the American rock band Extreme. I don’t know what suddenly motivated me to do this. I guess it’s because the song did something magical to me. It brought me back to my late twenties, with new love and friendship in the air and the thrill of a brand new future to throw myself at. It was as if I could start all over again. I wanted others to enjoy this wonderful feeling too.

So I searched the track on YouTube. It turned up along with a list of other hits on the right side of the screen, you know this list of “other videos that you may like too”. When I looked at the list, my mouth fell open. I liked every single song on the list about as much as “More than Words”! It felt horrible. Because the intense personal and warm feeling about this song suddenly looked like a superficial, cold internet statistic. The song turned out to be just a dot in a YouTube algorithm that told me exactly what people like me, who are born in 1973, usually like on a melancholic Sunday afternoon in early 2016. So posting the song made no longer sense. It felt like connecting a YouTube algorithm to a Facebook algorithm and let those two do the job of talking about me. It felt like an “empty” gesture and I felt not needed for that at all.

Don’t get me wrong: of course it’s not an empty or bad thing to post a song on Facebook. Because it’s still you who posts it and not YouTube, Facebook, Deezer, Google or whatever. And whatever you post, say or do, it’s always both a unique, personal initiative and an impersonal statistic at the same time.

So maybe I should have posted “More than Words” anyway. I could have offered a unique moment of nostalgia to friends from the 70s or the opportunity to discover a ‘cool old song’ to people from the 90s. I think I will actually. But I’ll add a comment about what the song does to me to differentiate it from a search engine hit. Just to make it more personal. Because YouTube and Facebook can’t do that. At least not in early 2016.








Monday, July 25, 2016

La rentabilité de l’inutile


(Ce blog se base sur le best-seller de Nuccio Ordine, « L’utilité de l’inutile », dont je considère la lecture plus qu’utile.)

Faut-il continuer à financer l’enseignement de langues qui ne se parlent plus ? Faut-il financer l’étude de certaines œuvres poétiques peu connues et la création de musique classique expérimentale écoutée par un petit public d’initiés? Est-ce bien utile ?

Je pense qu’il s’agit d’un faux débat. Pour s’en apercevoir, il suffit de préciser la signification des termes « utile » et « inutile ».

Utile comme un ouvre-boîte

Dans le monde de l’utilitarisme, un marteau vaut davantage qu’une symphonie, un ouvre-boîte davantage qu’un tableau. Mais pourquoi ? Probablement parce qu’il est plus facile de comprendre l’efficacité d’un outil que de comprendre à quoi peut servir la musique, la philosophie ou les mathématiques. Pourtant ces arts et sciences sont utiles. Pour le comprendre, voici une brève « phénoménologie de l’utilité de l’inutile».

Le comble de l'utilité on dirait: mon ouvre-boîte. Totalement inutile toutefois lorsqu'il s'agit d'affronter la complexité de la vie humaine.

Commençons par les fleurs. Si on supprimait les fleurs, le monde n’en souffrirait pas matériellement. Mais qui voudrait cependant qu’il n’y eût plus de fleurs ? Vous me répondrez : « bien sûr il faut des fleurs car c’est joli et en plus elles créent des emplois ». Mais leur utilité profonde ne se situe pas là, dans l’effet décoratif qui peut être commercialisé. L’utilité profonde des fleurs découle du fait qu’elles font intimement partie de notre façon d’être humain. Le Japonais Okakura Kakuzô situait dans le simple geste d’un homme cueillant une fleur pour l’offrir à sa compagne, le moment précis où l’être humain s’est élevé au-dessus des animaux. Il explique : « en percevant l’usage subtil de l’inutile, il est entré dans le royaume de l’art ». Non pas en tant que fleuriste ou acheteur de fleurs, mais en tant qu’homme.

Parlons des textes classiques. Pourquoi continuer de les lire et les enseigner ? Parce qu’ils représentent une utilité bien spéciale : ils sont notre badge d’accès vers un autre monde. Ils nous montrent un monde qui n’existe plus, qui n’existera jamais, ou le monde de quelqu’un d’autre. Depuis cet autre monde nous pouvons mieux comprendre l’autre, et du coup aussi notre monde à nous et nous-mêmes. Ce voyage nous aide à relativiser notre réalité et à la comprendre et supporter. Voilà l’utilité des classiques.

Briser les chaînes

Et que dire des sciences, qui déglutissent des milliards sans avoir la moindre certitude quant à leur résultat ? Surtout les sciences fondamentales et leurs « chercheurs qui cherchent et qui ont du mal à trouver», pour paraphraser une phrase prêtée à De Gaulle. Là encore il faut peser l’utilité des investissements sur la bonne balance, et surtout être patient. Vous observerez alors une utilité parfois aussi insoupçonnée que spectaculaire. En voici deux exemples.

Le premier débute en 1611, lorsque l’astronome Johannes Kepler affirme que la façon la plus efficace d’empiler des boules est la structure pyramidale. Tous les marchands de fruits et de légumes le savent : c’est pourquoi ils empilent leurs oranges sous forme de pyramide. Depuis, de nombreux mathématiciens ont tenté de prouver cette « conjecture de Kepler », jusqu’à ce que Thomas Hales y parvienne en 1998. Ce résultat a mobilisé des générations de mathématiciens pour développer un système conceptuel capable de prouver la conjecture. Accrochez-vous maintenant : pour bien étayer leurs travaux, les mathématiciens ont fourni cette preuve aussi pour des oranges virtuelles de 8 jusqu’à 24 dimensions. Et heureusement, car c’est précisément la solution pour empiler des « oranges à 8 dimensions » qui a permis, dans les années 70, de mettre au point la technologie nécessaire pour envoyer des signaux internet via les câbles téléphoniques. L’origine – très utile – de vos premiers échanges sur l’internet est donc une aventure mathématique de 400 ans motivée par le désir de satisfaire une curiosité purement théorique !

Il a fallu 400 ans de recherches mathématiques pour prouver que plus serré n'est pas possible.

Le deuxième exemple d’une utilité exemplaire est le CERN, l’Organisation Européenne pour la Recherche Nucléaire fondée en 1954 par l’UNESCO. Personne ne pouvait savoir à l'avance que cette organisation allait, comme par une sorte d’«accident de parcours », jeter les fondations de la « conversation planétaire » via internet. Et pourtant c’est ce qui s’est passé, grâce à l’invention du protocole « http » et du langage « HTML » par l’ingénieur informatique Tim Berners-Lee. Et saviez-vous que c’est au CERN également qu’a été inventé l’écran tactile qui équipe aujourd’hui la majorité de nos équipements électroniques ?

Prenons garde : ces exemples d’utilité pratique ne sont pas l’unique raison d’être de la recherche scientifique. Si ces résultats n’avaient pas été atteints, l’entreprise n’aurait pas été inutile pour autant. Car elle a avant tout une utilité spirituelle qui, dans les termes d’Abraham Flexner, « brisera les chaînes qui entravent l’esprit de l’homme enfin libre d’entreprendre une aventure qui a conduit Hale, Rutherford, Einstein et leurs semblables jusqu’aux confins de l’espace et, à l’autre extrémité du spectre, permis de libérer l’énergie illimitée contenue dans l’atome ». Pour Flexner, « le véritable ennemi de la race humaine n’est pas le penseur audacieux et irresponsable (…) mais celui qui entend couler l’esprit humain dans un moule et l’empêcher de déployer ses ailes ».

L’inutile contre le fanatisme

Les activités qui semblent ne servir à rien peuvent se révéler très utiles pour d'autres raisons. Elle nous montrent ce que le profit et l’efficacité nous cachent : notre liberté de penser et d’imaginer. Elles nous aident à éviter l’asphyxie, à transformer une vie plate ou une non-vie en une vie fluide et dynamique, mue par la curiosité pour les choses de l’esprit et pour la condition humaine. Sans l’inutile, dit Ionesco, l’homme est « prisonnier de la nécessité, il ne comprend pas qu’une chose puisse ne pas être utile. Sans l’inutile il ne comprend pas non plus que, dans le fond, c’est l’utile qui peut être un poids inutile, accablant. » Et si on ne comprend pas cela, on vit dans « un pays d’esclaves ou de robots, un pays de gens malheureux, de gens qui ne rient pas ni ne sourient, un pays sans esprit ; où il n’y a pas l’humour, où il n’y a pas le rire, où il y a la colère et la haine ».

Etouffer l’inutile est même très risqué, poursuit-il, « car ces gens affairés, anxieux, courant vers un but qui n’est pas un but humain ou qui n’est qu’un mirage, peuvent tout d’un coup, aux sons de je ne sais quels clairons, à l’appel de n’importe quel fou ou démon se laisser gagner par un fanatisme délirant, une rage collective quelconque, une hystérie populaire. » Voilà la menace qui pèse « sur l’humanité qui n’a pas le temps de réfléchir, de reprendre ses esprits ou son esprit ».

La rentabilité du recul

Faut-il donc arrêter d’exiger de l’efficacité et des résultats ? Bien sûr que non. Car même l’artiste a le devoir de produire quelque chose. On peut même dire, si vous voulez, que l’art doit répondre à une certaine rentabilité. Mais pas à une rentabilité purement financière car, comme disait Rilke, « être artiste veut dire ne pas calculer, ne pas compter. » La rentabilité de l’art, de l’histoire et de la philosophie correspond plutôt à une société capable de s’exprimer, de se souvenir et de se poser des questions. Pour fabriquer une telle société il faut des activités dont l’utilité ne se dévoile pas sur-le-champ. Non pas parce qu’il est politiquement correct d’investir dans la culture, mais parce que sinon demain notre société n’existera plus. Ce qui n'est pas très rentable.



Tuesday, July 19, 2016

How software works in 4 steps


(I would like to thank professor Mrs. Natasa Milic-Frayling for explaining the functioning of software - the backbone of our digital information society - so well to me).

We can read books with our eyes but to read digital files we need special “glasses”. These glasses are software applications. Software is created by humans to instruct their machines (computers) to do what the application is supposed to do, like enable us to write, calculate, draw, play a game, etc. But how does software work? How do we get from an idea “what the computer needs to do” to having an application, installed on our computer, that we can use to do the job?

Step 1

First a human (a programmer) writes instructions in the form of a source code. These instructions are written in a well-defined and highly structured form that is still human readable. The source code is written in a textual form. This is the basis for the software and it looks like this:

Source code: how a programmer formulates what the computer needs to do, using human language in a special and logical way.

Step 2

At this stage the code cannot be understood by computers, which only understand machine code – the computer’s language. So the source code is translated into machine code using a compiler. The resulting machine code looks something like this when displayed to humans:


Compiled code: machine language (commands) a computer can understand.
 
Step 3

The next step is called linking. This is where all the pieces (components) of the compiled code are linked together. Examples are components that enable the program to manage memory, accept input from the keyboard or mouse, display information on the computer monitor, etc. All of that needs to be correctly connected, to work together. The end result of the linking phase is the famous .exe file (short for “compiled executable”) that we are all familiar with. It’s the file you have to download to make a new software application work on your computer, like in this picture: 

The "magical" .exe file that will bring the software to life on your computer so you can use it.
Step 4

To “communicate” the .exe file to the computer it needs to be installed. The installation is executed by an installer, which is an application that is often called setup.exe. The installer contains all the information needed to set up the application on your computer. It “tells” the computer where all the components of the software are, and how to run them. For example, the installer may put a button on the start menu so that you can easily start the application. Or it configures the application to your own preferences in terms of language, colors, etc..

The end result is an installed software application that you can click on and use, like Microsoft Word or Excel, for example.

And there you go!

The end of the process: the software up and running as we know it.
 (Twitter: @Oosterenvan, #UnescoPERSIST)