Monday, May 26, 2014

Les Pays-Bas et l’UNESCO : une histoire d’eau

Tout comme son paysage, la contribution des Pays-Bas à l’UNESCO se caractérise fortement par le thème de l’eau, à commencer par les sites néerlandais inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Six des neuf sites constituent un témoignage unique de la façon dont l’homme a mené son combat contre l’eau ou, parfois, contre l’ennemi.

D’abord, il a fallu aider Dieu pour créer les Pays-Bas, comme le dit un vieux dicton néerlandais. Pour ce faire, le Néerlandais a créé la série désormais mondialement célèbre des moulins de Kinderdijk-Elshout. Ces moulins drainaient en permanence le polder Alblasserwaard, situé sous le niveau de l’eau comme un tiers des Pays-Bas.

Ensuite, cette méthode a été remplacée par des stations de pompage à vapeur telle que la station de D.F. Wouda, baptisée du nom de l’ingénieur qui l’a conçu. Cette station de pompage, toujours en fonction aujourd’hui, a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial, car elle est la plus grande et la plus puissante installation à vapeur à des fins hydrauliques jamais construite.

Il en va de même pour l’élégant système de canaux concentriques qui a fait connaître Amsterdam dans le monde entier comme « la Venise du Nord ». Ce site exceptionnel du patrimoine mondial est né, lui aussi, de l’idée de transformer des terres marécageuses en terres habitables, cette fois-ci en les drainant par des canaux en arcs concentriques et en remblayant les espaces intermédiaires.

Cette tension permanente entre l’homme et l’eau qui caractérise le paysage néerlandais, a aussi été utilisée pour attaquer et chasser les armées ennemies. En témoigne la ligne de défense d’Amsterdam construite au XIXème siècle, composée de 45 forts équipés d’artillerie. Ce réseau agissait de concert avec des inondations temporaires déclenchées à partir des polders et d’un système complexe de canaux et d’écluses. Il est le seul exemple existant d’une fortification continue reposant sur le principe de la maîtrise de l’eau. La première mise en œuvre de ce principe remonte au XVIème siècle, avec la construction du Oude Hollandse Waterlinie, lors de la lutte pour l’indépendance vis-à-vis de l’Espagne.

L’eau ne caractérise pas seulement la contribution néerlandaise au secteur de la culture, mais aussi au secteur des sciences. Premièrement, les Pays-Bas hébergent et cofinancent le centre de catégorie 1 UNESCO-IHE à Delft, le plus grand institut de recherche et d’enseignement en hydrologie au monde. Depuis sa création en 1957, l’Institut a constitué un réseau de plus de 15.000 anciens étudiants, parmi lesquels l’actuel Roi des Pays-Bas, S.M. Willem-Alexander.

Deuxièmement, les Pays-Bas hébergent un centre de catégorie 2 dans le domaine de l’eau, à savoir l’International Groundwater Resources Assessment Center (IGRAC). Ce centre a pour objectif de faciliter la gestion durable des eaux souterraines, en fournissant aux pays concernés l’assistance scientifique nécessaire pour les mesurer et les gérer. Cette mission favorise la stabilité et le maintien de la paix, car souvent ces précieuses ressources sont fragiles et partagées par plusieurs pays.

Troisièmement, les Pays-Bas sont membres du Conseil intergouvernemental du Programme hydrologique international (PHI). Les 36 pays membres de ce conseil travaillent actuellement à la mise en œuvre d’un agenda scientifique appelé « PHI VIII », pour faire face ensemble aux défis liés à l’eau tels que la sécheresse, la pollution et les inondations.

D’autres priorités des Pays-Bas à l’UNESCO sont les droits de l’homme, en particulier les droits des femmes, les droits des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres (LGBT) et la liberté de l’expression. En novembre 2013, le Ministre de l’Education, de la Culture et des Sciences, Mme Jet Bussemaker, a signé un accord avec l’UNESCO pour soutenir la lutte contre le harcèlement homophobe à l’école. Les Pays-Bas ont également financé des projets en Tunisie pour promouvoir l’inclusion de filles dans le processus décisionnel démocratique, et pour la protection des journalistes. Ce dernier thème est aussi fortement appuyé par les Pays-Bas en tant que membre du Conseil intergouvernemental du Programme international pour le développement de la Communication. Car non seulement, sans les journalistes, la liberté de la presse n’existerait pas, mais aussi parce que la liberté de la presse est une niche dans le mandat de l’UNESCO qui lui donne une responsabilité importante dans le système des Nations unies.

Le rôle des Pays-Bas au sein de l’UNESCO est devenu plus important en novembre 2013, lorsqu’ils ont été élus au Conseil exécutif en qualité de vice-président du groupe électoral I (groupe des Etats d’Europe occidentale et autres (GEOA)). Le gouvernement néerlandais prend cette responsabilité très à cœur, notamment en soutenant activement la réforme que la Directrice générale Irina Bokova a engagée depuis 2010. Cette réforme est le fruit de la mise en œuvre des cinq recommandations de l’évaluation externe indépendante de l’UNESCO en 2010, que les Pays-Bas ont cofinancée.

Le but de cette évaluation consistait à déterminer le chemin que l’UNESCO devait suivre pour renforcer son rôle au sein de l’architecture des Nations unies. Cet examen critique était important pour le gouvernement néerlandais, car c’est en relevant ses propres défis que l’UNESCO sera le plus à même d’aider la communauté internationale à relever les défis mondiaux dans le domaine de l’Education, de la Culture, des Sciences, de l’Information et de la Communication. Cette ambition exigera des choix forts et une ferme volonté de se concentrer sur les points forts de l’organisation. En tant que Vice-Président du Conseil Exécutif, les Pays-Bas sont plus que jamais à l’écoute des Etats membres pour élaborer ces points forts ensemble. Car l’effrayante complexité des défis qui nous guettent ne sera pas maîtrisée tant que nous ne mettons pas tout en œuvre pour libérer le potentiel de création et de coopération que recèle encore l’esprit de l’homme.

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